Raconter l’histoire de l’Union Chrétienne pour l’Education et le Développement des Désherités (UCEDD), c’est avant tout, raconter le récit d’un coup de cœur…d’un choc même. Puis, c’est revenir pas à pas sur le parcours du combattant que fût pour nous tous, de nous battre pour la reconnaissance et la dignité des communautés Déshérités au Burundi et des Batwa en particulier.
Tout a commencé en 1993 ; le Burundi vivait alors l’un des plus graves conflits armés de son histoire. Une guerre civile qui opposa l’armée, dirigée par l’ethnie tutsi, et les rebelles hutus. Au milieu de cette grande désolation, parmi les nombreux morts, les veuves et les orphelins que ce conflit laissait dans son sillage, on s’était engagé aux côtés de l’Eglise Protestante pour construire une Ecole Biblique et cogérer un orphelinat à Gitega.

C’est au cours de l’une de nôtres premières visites à l’Orphelinat qu’un simple constat va se transformer en combat de toute une vie. Il s’agit de l’image d’une ségrégation. En effet, au cours du déjeuner des enfants, deux groupes s’étaient formés : d’un côté, le groupe des enfants «Bahutu» et de l’autre, le groupe des enfants « Batwa ». Les premiers étaient les privilégiés, les seconds constituaient la main d’œuvre servile. Jusque dans l’orphelinat, ils étaient les puiseurs d’eau, les ramasseurs de bois de chauffe, les cuisiniers pour le reste du groupe.

LES BATWA ; UNE MARGINALISATION SECULAIRE

Il faut préciser que les Batwa constituent une ethnie Burundaise minoritaire, très vulnérable, mais éparpillée sur toute l’étendue du territoire Burundais. Les Batwa ont, de tous temps, été marginalisés et écartés de la vie sociale, économique et même politique du pays. Comme pour ne rien arranger, l’assimilation des Batwa aux pygmées par les colons a aggravé une situation déjà déplorable et détestable. Les Batwa ont encore vu leur citoyenneté mise en cause puisqu’ils étaient considérés comme « des citoyens de seconde zone ». La découverte d’une réalité aussi tragique ; le fait que même pendant la guerre et face au dénuement, les enfants orphelins faisaient eux-mêmes perpétuer cette aberration fut insoutenable pour nous.

L’origine

L’aventure UCEDD commença ainsi. D’abord avec les leaders de la communauté d’ethnies confondues, puis, jours après jours, notre combat a vu se rallier davantage de bénévoles et de soutiens. Nos premières actions (puisque nous n’avions nous-mêmes rien) ont consisté en des campagnes de sensibilisations dans et autour des villages des Batwa et des sites des déplacés. L’objectif que nous visions, c’était le changement des mentalités et une meilleure intégration des communautés Batwa et enfants orphelins dans les ménages d’accueil. Rukoba a été le premier village de Batwa où nous sommes intervenus, suivi de Nyamwera (à Mungwa). Petit à petit, non sans peine, l’UCEDD a réussi à couvrir l’ensemble du territoire Burundais.

BALISER LE CHEMIN

Aujourd’hui, l’ensemble de l’UCEDD se retrouve à la croisée des chemins. Après près de vingt années d’intervention aux côtés de nos bénéficiaires, nous avons le sentiment de « labourer un champ qui n’en finit pas ». Pire, l’environnement dans lequel intervient l’UCEDD se détériore irrémédiablement ; avec comme corolaire : toujours plus de précarité, aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale, l’aggravation de la pauvreté, l’accroissement de la fracture sociale, etc. Cette situation appelle de nous, UCEDD comme les autres Organisations, une réponse méthodique et prospective. L’obligation que nous avons ne se limite plus à de simples appuis ponctuels ; elle s’étend plus que jamais jusque sur les questions d’efficience et de durabilité de l’aide.

Où Intervenons-nous ?

Nous intervenons dans tout le Burundi en zone rurale. Mais depuis des années, nous nous concentrons dans les zones de plus grande pauvreté que sont :
- Gitega: Mutaho, Bugendana, Giheta, Makebuko,
- Karusi: Buhiga
- Muyinga: Mwakiro
- Rutana: Musongati
- Kayanza: Muhanga
- Ngozi: Ruhororo, Ngozi
- Muramvya: Rutegama, Mbuye, Muramvya
- Cibitoke: Rugombo
- Mwaro: Nyabihanga, Ndava
- Ruyigi: Ruyigi